22.

Pluie, vent, en ce début du mois de vendémiaire an IV.

C’est la fin septembre et, à la nuit tombée, des bandes de jeunes gens parcourent les rues proches du Palais-Royal, en criant : « À bas les deux-tiers ! », ces décrets « scélérats » qui vont permettre de placer dans les deux Conseils issus de la nouvelle Constitution une majorité de conventionnels.

Mais cette Jeunesse dorée se heurte désormais à ce que les jeunes gens à collet vert ou noir appellent des « terroristes », et que Barras, Fréron, Tallien nomment maintenant des « patriotes ».

Et Fréron s’est même rendu faubourg Saint-Antoine pour recruter avec de beaux discours et des poignées d’assignats ceux-là mêmes que lors des journées d’insurrection de prairial il faisait pourchasser par la Jeunesse dorée et qu’il appelait « buveurs de sang », « massacreurs de septembre » ou « lécheurs de guillotine ».

La Convention rapporte même les décrets sur le désarmement des terroristes.

Et elle charge Barras, qui a tenu un rôle décisif lors du 9 Thermidor, qui a été « terroriste », lorsque, avec Fréron, il était représentant en mission dans les Bouches-du-Rhône, à Marseille et à Toulon, du commandement des troupes de Paris. Barras n’a-t-il pas été officier d’Ancien Régime ? N’est-il pas régicide, ce qui en fait un adversaire déterminé des royalistes ? Avec son grand sabre qu’il porte fièrement, il a l’allure martiale d’un chef de guerre.

Et son conseiller Pierre François Réal, qui a été hébertiste, écrit, pensant à Barras qu’il sert avec dévouement :

« Le salut de la patrie va dépendre de la formation du pouvoir exécutif. Il faut y porter des hommes brûlant de patriotisme, ennemis-nés de toute tyrannie, qui ont tué Capet et Robespierre. »

 

Mais Barras et les Thermidoriens républicains sont attaqués avec violence par les sections parisiennes pénétrées de royalisme, ainsi celle de Le Peletier qui prend la défense de ceux qui se dressent contre les « deux-tiers », contre la Convention.

« Vous osez les traiter d’intrigants, d’anarchistes, d’assassins ! Mais jetez les yeux sur vous-mêmes. Vos vêtements sont teints du sang de l’innocence. Des milliers de vos commettants égorgés, des villes détruites, le commerce anéanti, la probité proscrite, l’immoralité, l’athéisme, le brigandage divinisé, l’anarchie et la famine organisées, le trésor public dilapidé, voilà votre courage ! »

Ces sections-là préparent, à n’en pas douter, une insurrection contre la Convention, qui ouvrirait la porte à ce Louis XVIII qui veut punir les régicides.

« Il n’y avait rien de mieux à faire, écrit Barras, pour combattre de pareils adversaires, que de leur opposer leurs ennemis naturels, les patriotes incarcérés, par suite de la réaction de Thermidor. »

Et la Convention libère les « émeutiers de prairial », quinze cents d’entre eux, des « tape-dur », sont constitués en trois bataillons de volontaires : les « patriotes de 1789 ».

Ce « bataillon sacré » va renforcer les six mille hommes de l’armée de l’intérieur, chargée de protéger la Convention.

Mais Barras, qui la commande en chef, ne fait pas confiance au général Menou. Ce ci-devant baron, qui a su mater le faubourg Saint-Antoine, en prairial, est un modéré. Ses sympathies vont aux sections « monarchistes ». Menou préfère négocier avec elles, qui réussissent à rassembler près de trente mille hommes, plutôt que de les affronter.

 

Barras constitue donc son état-major avec des généraux qui traînent, inactifs, dans Paris et sont suspects de robespierrisme, de jacobinisme.

Il s’entoure ainsi de Brune, Carteaux, Dupont et de ce général de brigade d’artillerie qu’il a connu au siège de Toulon, Napoléon Bonaparte.

Depuis plusieurs mois, ce Bonaparte a fait des offres de service, obstiné, faisant longuement antichambre, réussissant alors qu’il n’est qu’un officier sans fortune, sans gloire, sans affectation, vêtu d’un uniforme élimé, taillé dans une étoffe de mauvaise qualité, à être invité par Thérésa Tallien, la maîtresse de Barras.

Et ce Corse, au regard insistant et brûlant, a une sœur, Pauline, dont Fréron est amoureux au point de vouloir l’épouser.

Mais le Comité de salut public par un arrêté a « rayé Napoléon Bonaparte de la liste des officiers généraux employés, attendu son refus de se rendre au poste qui lui a été désigné ».

Car Bonaparte n’a pas voulu accepter un commandement à l’armée de l’Ouest.

Il rêve d’aller aider le sultan à réorganiser son armée.

Il n’est, en fait, qu’un général sans emploi parmi tant d’autres : soixante-quatorze suspects sont rayés comme lui des registres de l’armée active.

Mais Thérésa Tallien, mais Fréron, confirment que ce général de vingt-six ans est une personnalité singulière. Et Barras se souvient de cette « batterie des hommes sans peur », d’où Bonaparte, sous le feu ennemi, dirigeait les tirs de ses canons contre les forts de Toulon. Et Barras avait admiré l’intelligence de cet officier d’artillerie, et son sang-froid.

Barras va donc proposer à Bonaparte le commandement en second de l’armée de l’intérieur.

« Je vous donne trois minutes pour réfléchir », dit-il à Bonaparte.

Le temps d’un regard, et Bonaparte répond d’une voix sèche qu’il accepte.

« Mais je vous préviens, ajoute-t-il, si je tire l’épée, elle ne rentrera dans le fourreau que quand l’ordre sera rétabli coûte que coûte. »

 

Et cela semble difficile.

Dans la nuit du dimanche 12 au 13 vendémiaire an IV (nuit du 4 au 5 octobre 1795), on entend dans tous les quartiers les tambours battre la générale.

Les sections « bourgeoises », « royalistes », comme celle de Le Peletier, appellent à résister aux Comités de la Convention qui, en créant les bataillons des « patriotes de 89 », ont réarmé les « buveurs de sang ».

Ces sections s’arment, et les trente mille hommes qu’elles rassemblent sont placés sous les ordres du général Danican, qui, officier d’Ancien Régime, est entré dans la garde nationale le 14 juillet 1789, s’est battu en Vendée comme général de brigade.

Il a dénoncé les atrocités commises par les républicains. Depuis, il est suspect de « royalisme ».

Le général Danican ne prend son commandement de l’armée sectionnaire que le 13 vendémiaire.

Il ne mesure pas que tout se joue en cette aube du lundi de vendémiaire. Bonaparte a en effet appris que, au camp des Sablons, se trouvent quarante canons. Il charge Murat, chef d’escadron, de partir avec trois cents cavaliers du 21e chasseur, de se saisir des pièces d’artillerie et de les ramener à Paris où elles seront placées autour des Tuileries, prenant les rues en enfilade.

Les cavaliers de Murat, parvenus au camp des Sablons, se heurtent à une colonne de sectionnaires venus eux aussi avec la volonté de s’emparer des canons. Mais ils sont contraints de reculer devant les trois cents cavaliers qui ramènent, à bride abattue, les pièces d’artillerie aux Tuileries.

À six heures du matin, ce lundi 13 vendémiaire, le général d’artillerie Bonaparte, auquel Barras fait confiance, place les canons aux abords des Tuileries qui deviennent ainsi une forteresse.

Les pièces sont disposées de la place de la Révolution, ci-devant Louis XV, au Palais-Égalité, ci-devant palais-Royal, tout au long de la rue Saint-Honoré.

D’autres sont mises en batterie sur la rive gauche, du pont de la Révolution au pont National. Les troupes de la Convention ne risquent plus d’être cernées et submergées par le nombre des sectionnaires. Elles gênent les troupes de Danican dans leurs communications d’une rive à l’autre de la Seine.

Ainsi, lorsque vers dix heures du matin, Barras inspecte les postes de défense, il constate l’efficacité, l’œil d’aigle de ce général Bonaparte qui semble déjà subjuguer les soldats qui ne le connaissaient pas, quelques heures auparavant.

 

Bonaparte saute à cheval, va d’un poste à l’autre, s’arrête seulement quelques minutes, écoute les rapports des officiers. Il répète qu’il veut qu’on tire à mitraille et il promet qu’il suffira de quelques minutes pour balayer les troupes adverses.

Le général Danican n’a pas pris d’initiative, semblant compter sur le nombre.

Mais sur les trente mille sectionnaires, on n’en compte que sept ou huit mille résolus à se battre. Ils sont plus nombreux que les soldats de l’armée de l’intérieur. Mais ceux-ci disposent de l’artillerie.

Et tout au long de la matinée, des sans-culottes des faubourgs, des « tape-dur », les rejoignent. Ils ont une revanche à prendre sur ces sectionnaires, cette Jeunesse dorée, qui les ont vaincus, dans les journées de prairial, et humiliés, pourchassés, depuis.

Et Barras, Tallien, Fréron savent qu’aux yeux des troupes républicaines, ces sans-culottes sont une caution révolutionnaire.

Or, ce que demande le général Danican dans un message à la Convention, c’est leur renvoi.

« La paix peut s’établir en un clin d’œil, écrit Danican vers trois heures de l’après-midi ce 13 vendémiaire, si la Convention nationale désarme ceux que les Comités ont armés la veille. »

Barras ne répond même pas à la proposition du général Danican.

 

Le temps passe. On s’observe l’arme au pied. Il pleut.

Quand l’averse cesse, le général Danican fait mouvement dans la rue Saint-Honoré, bientôt pleine de sectionnaires. Ils forment une masse compacte autour de l’église Saint-Roch.

Tout à coup vers quatre heures et demie, un coup de feu, tiré sans doute de l’une des maisons sur les sectionnaires, qui répondent par une salve. Les soldats aussitôt réagissent avec l’assurance de vieilles troupes aguerries par des mois de combat.

Ils tirent, écrit un témoin, « comme s’ils eussent été à la noce ».

Napoléon Bonaparte assure que les coups de fusil furent tirés de l’hôtel de Noailles où s’étaient introduits les sectionnaires.

« Les balles arrivaient jusqu’au perron des Tuileries, dit-il. Au même moment une colonne de sectionnaires déboucha par le quai Voltaire, marchant sur le pont Royal. Alors on donna l’ordre aux batteries de tirer. »

Dans les rues, sous le tir à mitraille des canons, c’est la débandade des sectionnaires. Ceux qui se regroupent sur les marches de l’église Saint-Roch sont fauchés. L’église est enlevée.

La colonne qui avançait quai Voltaire est dispersée.

Napoléon, qui se dirige rue Saint-Honoré vers le bâtiment des Feuillants, a son cheval tué sous lui.

Les soldats se précipitent pour l’aider à se relever. Il est indemne. Il donne l’ordre de balayer les rues à la mitraille, puis à l’arme blanche.

Il suffit de quelques obus pour que la centaine d’hommes qui résistent au théâtre de la République soient délogés.

 

« À six heures tout était fini », dit Bonaparte.

Il est entouré par les conventionnels qui viennent le féliciter d’avoir « sauvé la République ».

Il entend les discours de Barras puis de Fréron qui à la tribune de la Convention font acclamer son nom.

Il écrit à son frère Joseph :

« Enfin tout est terminé, mon premier mouvement est de penser à te donner de mes nouvelles. Comme à l’ordinaire je ne suis nullement blessé. »

Mais les éloges qu’on lui décerne ont leur contrepartie.

Il est le général Vendémiaire, celui qui a fait tirer au canon sur les sectionnaires et a brisé l’insurrection souhaitée et organisée par les royalistes, et à laquelle ils ont participé. Ils espéraient qu’elle ouvrirait la voie à la restauration. Bonaparte est dans le camp des régicides, de Barras, de Tallien, de Fréron, et aussi, même si les Thermidoriens ont renversé l’incorruptible, du côté de Robespierre.

Et on lui imputera les morts dont le sang a rougi les escaliers de l’église Saint-Roch.

 

Combien sont-ils, les cadavres que l’on charge dans des charrettes ? Trois cents dans chaque camp ?

Un témoin, sans complaisance pour les royalistes, le libraire Ruault, trace un tableau bien plus sombre de ce 13 vendémiaire.

« On estime, écrit-il, qu’il a péri environ huit mille personnes : le 10 août a coûté moins cher. »

Il raconte comment, après que deux canonniers eurent été tués par des tirs sectionnaires :

« Une première charge à mitraille renversa une centaine d’hommes. Elle fut suivie de quatre ou cinq autres qui balayèrent la rue entière. Environ huit cents hommes de la plus belle jeunesse, de la plus riche bourgeoisie y furent tués en moins de deux minutes.

« Le bruit du canon qui surprit tout le monde de ce quartier, l’effroi de la mort, fit entrer dans Saint-Roch une foule considérable d’hommes, de femmes, d’enfants, que par curiosité le mouvement des troupes avait attirés dehors et ceux aussi qui allaient à leurs affaires. Ils croyaient y trouver un asile sûr et sacré. Mais environ trois cents grenadiers de la Convention se ruent à travers les morts de la rue du Dauphin, montent les degrés de Saint-Roch, entrent dans l’église, tuent et mutilent à coups de sabre et de baïonnette tout, ou à peu près, ce qui s’était réfugié en ce lieu. On y a compté le lendemain matin environ quatre mille morts, de tout âge, de tout sexe, dépouillés de leurs vêtements, compris ceux qui avaient péri dans la rue du Dauphin et dans celle de Saint-Honoré. »

Chiffres énormes, sans doute multipliés par la rumeur, mais qui révèlent au-delà de leur exactitude discutable le choc ressenti par un républicain patriote, ancien Jacobin, mais homme modéré.

 

Et Ruault s’interroge, relit Machiavel, « car nous sommes dans le cas posé par Machiavel, que le système républicain est inexécutable en France et que nous n’avons fait que des folies depuis trois années mais des folies d’un genre fort étrange… C’est un vrai typhon qu’un peuple républicain tel que nous, une vaste bête, une divinité malfaisante, une mer qui dévore ceux qui osent monter dessus… »

Et ce qu’il a vu le 13 vendémiaire le conforte dans cette vision pessimiste. Car le carnage a continué rue de Richelieu, quai Voltaire.

« Après la canonnade, la troupe de ligne fusilla tout ce qu’elle put fusiller jusqu’à minuit.

« Elle tirait en haut, en bas, de tous côtés, suivie des filles de joie de ce quartier qui les aidaient en ricanant à dépouiller les morts et à les porter dans la cour du Palais-Royal.

« Les vainqueurs et leurs filles mirent en vente le lendemain matin les dépouilles des Parisiens et les vendirent. »

 

L’émeute est donc écrasée sans pitié mais, dans les jours qui suivent, la répression est légère. Barras, Tallien, Fréron, les conventionnels se défient de ces « patriotes de 89 », qui ne sont pour ces Thermidoriens républicains que les alliés d’un jour.

On en congédie, en leur distribuant des assignats, en les rémunérant pour qu’ils achèvent à coups de gourdin de chasser la Jeunesse dorée des rues, en lui interdisant de jouer un rôle politique.

Et les « tape-dur » se mettent à l’œuvre.

Les protestations et les suppliques des muscadins ne servent à rien.

« Quoi, parce qu’un homme portera à son habit un collet noir, peut-on lire dans un libelle, il sera par cela même proscrit ? Et par qui ? Par cette classe abjecte, vile et méprisable, d’êtres sans mœurs, sans propriété, vendus au parti qui les paie, de vagabonds que la police ne devrait jamais perdre de vue. »

Mais les conventionnels invitent au contraire les militaires qui assurent le maintien de l’ordre à « rafler » ces jeunes gens le plus souvent « insoumis », et à les rappeler à leur devoir.

« Allez, commande le ministère aux soldats, parcourez tous les coins confiés à votre surveillance. Arrachez à la honte et à l’oisiveté, au crime de la rébellion cette jeunesse insensée qui, dans le sein de l’indifférence, oublie qu’elle a une patrie à défendre, des droits à soutenir, et des lauriers à partager. »

Les rafles se multiplient au café de Chartres, dans les théâtres et tous les lieux publics.

Les jeunes gens se réfugient dans les maisons de jeu, les « étouffoirs » clandestins ou tolérés par la police.

Les « étouffoirs » se multiplient boulevard des Italiens, surnommé le « Petit Coblence ».

Et la Jeunesse dorée se dissout dans les tripots, les salons, les mondanités.

Elle est la principale victime de Vendémiaire.

 

Ainsi, Paris change en même temps que triomphe Barras qui pousse Bonaparte dans les bras de Joséphine de Beauharnais, et fait de lui un général de division, d’abord commandant en second de l’armée de l’intérieur, puis le commandant en chef, succédant à Barras lui-même.

Les deux hommes sont critiqués, Barras, vicomte de Fox-Amphoux, incarne la corruption du pouvoir.

On chante :

Si sa pourpre est le salaire

laire, laire, laire

Des crimes de Vendémiaire

Fox-s’Amp houx !

Il n’a pas quarante ans

Mais aux âmes damnées

Le crime n’attend pas

Le nombre des années.

Et les « honnêtes gens » trouvent Bonaparte « jacobin à l’excès », condamnent le « général Vendémiaire ».

Mais Napoléon Bonaparte hausse les épaules :

« Je tiens au titre de général Vendémiaire, dit-il, ce sera dans l’avenir mon premier titre de gloire. »

Il est un homme nouveau, surgissant au moment même où les conventionnels, même s’ils ont par le décret des deux tiers trouvé le moyen de prolonger leur vie politique, sont las.

« Quatre années toujours sous le fer des assassins ont épuisé nos facultés physiques et morales », dit le Montagnard Dubreuil.

« Il est bien temps que nous quittions la place », ajoute Merlin de Thionville.

Ils se savent rejetés, haïs, méprisés parce que la disette et la misère écrasent toujours le peuple des faubourgs.

Le peuple ne rêve même plus au rétablissement du maximum du prix des denrées. Que peut-on contre l’alliance des plus riches ?

Car le peuple constate que les « ventres pourris » de la Convention sont indulgents pour les « ventres dorés » qui ont « fait » Vendémiaire.

Un rapport de police indique :

« Dans les faubourgs, on observe que les révoltés de prairial étaient moins coupables que ceux du 13 vendémiaire puisque les premiers ne demandaient que du pain et que ceux-ci voulaient attaquer et anéantir la représentation nationale, et cependant ceux de prairial ont éprouvé une bien plus grande sévérité… Les patriotes de prairial allaient par charretées à l’échafaud et les rebelles du 13 vendémiaire ont apitoyé la Convention nationale et courent en poste sur les grandes routes… »

Mais le temps des insurrections est passé.

« Les Tuileries sont changées en un camp de guerre. On n’y voit que tentes, canons, et soldats qui font bouillir la marmite au pied des arbres et des murs des terrasses.

« Les Champs-Élysées offrent le même aspect. Toutes les avenues des Tuileries et de la Convention sont hérissées de fer et de soldats.

« Jamais appareil de guerre ne fut plus menaçant et plus formidable dans cette cité des arts et des plaisirs. »

L’Américain Gouverneur Morris, qui voit ces soldats de toutes les armes éparpillés dans les places, les rues, sur les ponts, conclut : « Je continue à être persuadé que les représentants de cette nation tomberont sous la domination d’un despote unique. »

Et Ruault est plus précis :

« Le canon qui a foudroyé les royalistes et les mécontents a tué aussi l’amour de la République dans un grand nombre de cœurs. Cette façon d’assumer une République en dégoûte tous les hommes sensibles, tous les amis de l’humanité. Le gouvernement militaire établi depuis huit jours épouvante tous les bons esprits.

« La Convention vient de se mettre dans la dépendance de soldats qui créeront peut-être demain un Imperator, un César. »

 

Pourtant, dans sa dernière séance, le 4 brumaire an IV (26 octobre 1795), la Convention décrète une amnistie générale pour « tous les faits relatifs à la Révolution », exception faite des prêtres réfractaires, des émigrés, et des « vendémiairistes ».

On crie « Vive la République ! ».

Puis les conventionnels déclarent qu’« à dater du jour de la publication de la paix générale, la peine de mort sera abolie dans la République ».

Et la place de la Révolution – où la guillotine avait été si longtemps dressée, où le bourreau avait tant de fois montré des têtes tranchées à la foule et d’abord celle du roi –, cette place ensanglantée, s’appellerait désormais place de la Concorde.

Aux armes, citoyens !
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